Brève introduction à l'art martial du Sumo.
- Apolline Rivallin
- 3 mars 2023
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 17 nov. 2023
Le sumo, art martial ancestral japonais, apparait pour la première fois en 712 dans le Kojiki littéralement « Chroniques des faits anciens ». Au fondement de la tradition japonaise, il véhicule les valeurs nippones issues du rituel Shintô. L’histoire du sumo est indissociable de celle du Japon. Ce sport est, au sein de cette société, un principe fondamental du lien entre individus et est le miroir de la vie du collectif.

Fort d’une histoire de près de 2000 ans, le mythe veut que les dieux Takeminakata et Takemikachi auraient mené un combat de sumo, déterminant la possession des îles Japonaises. Dès lors, Takemikazuchi, vainqueur, établit sur l’archipel la famille impériale dont descendrait la lignée de l’empereur actuel.
Le sport revêt des caractères religieux et spirituels. Les combats de sumos incarnaient un rituel shintô visant à requérir de bonnes récoltes aux dieux. Le sport est encore très codifié. Dans les temps anciens, le sumo était pratiqué avec des danses sacrées et d'autres rituels sur le terrain des sanctuaires shintoïstes. Aujourd'hui, le sumo a encore des connotations religieuses. La zone de lutte est considérée comme sacrée et chaque fois qu'un lutteur entre sur le ring, il doit le purifier avec du sel. Les lutteurs les mieux classés sont considérés comme des acolytes de la foi shintoïste. Les activités spirituelles occupent une place importante dans cette société. C’est la raison pour laquelle l’association japonaise de sumo (AJS), créée en 1925, composée de lutteurs à la retraite, se voit comme la gardienne d’une tradition sacrée. Leurs objectifs visent à encourager les jeunes lutteurs à se dépasser et à atteindre l’hinkakulittéralement dignité, un exemple pour la jeunesse nippone. Leur vie quotidienne est définie par l'austérité et des règles strictes, symbolisant l'intendant contrôlant le moi inférieur. La vie d'un lutteur de sumo est illustrée par le mot ganbaru,cela signifie « faites de votremieux ». Cela reflète une attitude profondément enracinée chez les Japonais qui montre une compréhension de la nécessité de fournir des efforts, du respect et surtout la maitrise de soi au-delà des tentations.
L’art martial, combinant rituel et religieux, est l’essence de l’histoire nippone et constitue un symbole d’unité nationale.
Au-delà du symbole sacré du sumo, le sport représente les valeurs de la société nippone. Le rang le plus élevé pouvant être atteint par un lutteur est le Yokuzuna, ce sont les meilleurs champions. Ce rang emblématique est extrêmement difficile à atteindre, les critères stricts propres à la discipline sont la dignité, la technique et la puissance. Les Yokuzuna ont le prestige de demi-dieux au pays du soleil levant. L’identité japonaise est fondée sur une culture unique au monde, parfois mal comprise en dehors du pays. L’éducation, la discipline, la rigueur, le respect et la détermination sont extrêmement valorisés au sein de la société. En cela, les lutteurs du sumo dessinent la volonté d’un peuple à continuellement se dépasser sur le plan physique comme moral. Les savoir-faire et le savoir-être inculqué aux sumotoris, jeunes débutants, nécessitent plus qu’un régime spécial et de l’entrainement, leur éducation relève quasiment d’une vie monastique. Le Japon compte aujourd’hui environ 660 lutteurs pour un total de six grandes compétitions officielles par an.
Le Sumo repose sur de nombreuses traditions japonaises, qu’il véhicule encore aujourd’hui grâce à son influence culturelle, spirituelle et symbolique. C’est le lien entre individus qui maintient l’équilibre sociétale, celui-ci perdure dans une société hyper-modernisée où le quotidien reste fortement empreint de tradition. Le Japon est une terre de contrastes, où les traditions immémoriales conservent leur aura jusque dans les métropoles.Ainsi, ce sport national illustre la stabilité entre contemporanéitéet culture ancestrale au sein de l’archipel.
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