Noël : un héritage du solstice d’hiver

Dans le langage courant, le solstice d’hiver désigne la journée de l’année où la nuit est la plus longue.

Ce phénomène astronomique intervient quand le Soleil est le plus éloigné de l’hémisphère nord, ce

qui se produit le plus souvent le 21 décembre. Ainsi, à l’approche du solstice d’hiver, les journées se

raccourcissent et les nuits sont plus longues. En effet, le 21 décembre, la journée compte en

moyenne 8 à 9 heures d’exposition au soleil. Par ailleurs, le Soleil étant plus proche de l’horizon, ses

rayons nous réchauffent moins. Ce moment de l’année a été source de fascination pour les sociétés à

travers les époques. Lorsque les nuits s’allongent et qu’il fait plus froid, le travail aux champs était à

l’arrêt. On craignait que le Soleil ne s’éteigne une bonne fois pour toutes. Quand le solstice d’hiver

arrivait et les nuits raccourcissaient, on se réjouissait de la renaissance du Soleil qui apportait fertilité

et fécondité.

Yule : la tradition germanique

Chez les peuples germaniques, le festival de Yule est une célébration du retour de l’astre. Il incluait

plusieurs rituels qui sont perpétués à ce jour tel que la bûche de Noël aussi appelée bûche de Yule.

Celle-ci doit être suffisamment grosse pour alimenter le feu qui illuminera et réchauffera le foyer en

attendant la renaissance du Soleil. La bûche était au centre des festins pendant lesquels on buvait, on

mangeait et on chantait autour de grands bûchers. Cette tradition peut toujours être observée,

notamment, en Corse ou dans les pays baltiques.

Par ailleurs, la bûche de Noël que nous retrouvons

sur nos tables en est la fille. Une autre tradition héritée du festival de Yule est la décoration de la maison avec des plantes, des couronnes de houx entre autres, qui gardent leur verdure au long de l’hiver. Elles servaient à se persuader que le printemps arrivera après l’hiver. De plus, orner un arbre de fruit était un moyen de demander la grâce des divinités pour de bonnes récoltes. L’une des décorations toujours utilisées est la chèvre de Yule ou Julblock. Dans la mythologie nordique, cet animal est associé au dieu Thor qui montait un char tiré par deux chèvres. On retrouve ce symbole en Suède, à Gävle, où les commerçants de la ville avec la mairie construisent depuis 1966 un Julbock géant en paille, mesurant 13 mètres de haut, 7 mètres de long pesant environ 3,5 tonnes.

Les Romains : du paganisme au christianisme

En Rome antique, le solstice d’hiver était le moment de célébrer le dieu Saturne et son règne

pacifique sur les premiers habitants d’Italie à travers le festival des Saturnales.

Du 17 au 23

décembre, les banquets se multipliaient à travers l’Empire. Les esclaves jouissaient d’une liberté

temporaire et pouvaient même inverser les rôles avec leur maître qui les servait le temps de sept

jours. En outre, les Saturnales étaient l’occasion pour les Romains de s’offrir des cadeaux. Ceux-ci ne

devaient pas nécessairement être d’une grande valeur monétaire. En effet, ils étaient souvent des

figurines en terre cuite à l’effigie de Saturne. Le festival était, à l’instar de Yule, un moment de joie où tous se

retrouvaient pour boire, manger, chanter et, ici, parier puisqu’il était interdit en temps normal. En 274 après

J.-C, l’empereur Aurélien instaure la fête de Sol Invictus, le soleil invaincu, célébrée le 25 décembre qui tombe le

jour du solstice d’hiver dans le calendrier romain. Suite à la conversion de l’empereur Constantin au christianisme et l’autorisation de la religion dans l’empire, il fait coïncider la fête de Sol Invictus avec la commémoration de la Nativité.

Pour rappel, la date de naissance de Jésus n’est pas précisément expliquée dans la Bible. Une théorie

communément admise considère que la date du 25 décembre a été choisie comme le jour de

naissance du Christ afin de s’approprier le festival honorant le dieu Soleil. Ainsi, l’Église pouvait se

rapprocher des pratiques religieuses païennes qui persistaient encore.

Au fil des siècles, avec la christianisation de l’Europe, la fête de Noël reprend petit à petit les

traditions des festivités païennes du solstice d’hiver. C’est par leur influence qu’aujourd’hui le sapin

est un élément central de la célébration de la naissance du Christ, de même que l’échange de

cadeaux ou le partage d’un repas dans une ambiance chaleureuse.

FRID Mohamed Reda